Enseignants : et si vous déclariez vos frais réels aux impôts ?

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Tous les foyers fiscaux doivent déclarer leurs revenus une fois par an. Cette déclaration détermine le taux du prélèvement à la source. Je vous propose dans cet article de découvrir comment un enseignant peut faire baisser le montant de ses impôts en déclarant ses frais professionnels réels.



Précision importante : n’hésitez pas à contacter votre centre des impôts (DGFiP) pour vous faire confirmer les frais que vous envisagez de déduire. S’il y a une erreur, je ne payerai pas les impôts à votre place ;-) !

Qu’est-ce que les frais réels ?

Abattement forfaitaire ou frais réels ?
Lorsqu’on remplit sa déclaration, deux choix s’offrent à nous. Par exemple, un enseignant qui gagne 24000 euros par an pourra choisir :

  • de bénéficier de l’abattement forfaitaire de 10% (2400 euros) correspondant à ses frais professionnels. Il sera imposable sur 90% de ses revenus. Cela est automatique ;
  • ou de déclarer tous ses frais réellement engagés dans le cadre de son activité professionnelle. Cela permet d’être imposable sur une part plus faible de ses revenus : 80, 70, 60 %...

Comme vous le comprenez facilement, si vos frais réels ne dépassent pas 10% de vos revenus, il n’y a aucune raison de choisir cette option. Si vous déclarez vos frais réels, vous ne gagnerez pas d’argent, mais simplement vous payerez (un peu) moins d’impôts sur le revenu !
Et je précise que l’objectif n’est pas d’escroquer les impôts mais bien de déclarer de véritables frais professionnels que votre employeur ne prend pas à sa charge.

Attention : il n’est pas obligatoire de fournir les justificatifs détaillés lors de la déclaration de revenus, par contre vous devrez absolument les fournir à la demande des impôts et cela pendant 3 ans. Très logiquement, les personnes qui optent pour les frais réels sont contrôlées bien plus régulièrement que les autres...

Sur quelle période les prendre en compte ?
La déclaration correspond aux revenus et aux dépenses de l’année civile passée. Par exemple en mai 2023, vous déclarerez vos revenus et éventuellement vos frais réels de janvier à décembre 2022.

Comment gérer cela tout au long de l’année ?

  1. Il faut comptabiliser précisément de janvier à décembre toutes les dépenses professionnelles (déplacements, repas, loyer, crédit immobilier, livres, abonnements, papeterie, matériel informatique...). Un fichier tableur permet de suivre précisément les dépenses réalisées.
  2. Tous les justificatifs doivent être conservés pendant 3 ans (tickets de caisse, factures, justificatifs...) ;
  3. Lors du remplissage de la déclaration de revenus, il faudra juste indiquer le montant des frais professionnels réels.

Quels frais déclarer ?

Tous les frais qui correspondent à des dépenses professionnelles. Par exemple, si vous achetez un ordinateur pour un usage personnel ET professionnel, vous ne devez pas compter l’intégralité de sa valeur, mais une part qui correspond RÉELLEMENT à l’usage professionnel que vous en faites.

Les appareils dont le prix hors taxes dépasse 500 euros doivent être amortis sur plusieurs années. Par exemple, un ordinateur est amortissable sur 3 ans. Si vous l’achetez 1000 euros en 2022 et si vous l’utilisez 50 % pour usage privé et 50 % pour usage professionnel, vous pouvez comptabiliser :

  • 166 euros [=1000 x 50/100 /3] de dépenses en 2022
  • 166 euros de dépenses en 2023
  • 166 euros de dépenses en 2024

Attention, si votre employeur met à votre disposition un ordinateur individuel, une imprimante, un espace de travail (salle de classe, salle des professeurs, salle des maîtres), vous ne pourrez pas déduire l’achat d’un autre ordinateur personnel. De la même façon, si vos frais de déplacement vous sont déjà tout ou partie remboursés (passe Navigo, indemnité de déplacement...), il ne faudra déclarer que la partie qui vous revient réellement.

Si votre employeur vous rembourse tout ou partie des frais liés à votre équipement informatique, vous devez déduire cette somme du total obtenu !

Voir les informations précises sur le site des impôts

Les frais de trajet domicile-travail

Vous pouvez déclarer vos frais de déplacement dans la limite de 80 km quotidiens (aller-retour). Vous pouvez éventuellement déclarer des distances supérieures si « vous justifiez cet éloignement par des circonstances particulières liées notamment à l’emploi occupé ou à des circonstances familiales ou sociales particulières, autres que des convenances personnelles. ».

Le site des impôts précise :
Vous ne pouvez déduire qu’un seul aller-retour par jour, sauf si vous pouvez faire état de contraintes particulières, telles que des problèmes personnels de santé, l’existence au domicile de personnes nécessitant votre présence, des horaires de travail atypiques.

La barème dépend de votre mode de déplacement et de la puissance fiscale de votre véhicule.

Le site des impôts précise :

Le barème kilométrique publié par l’administration prend en considération :
 la dépréciation du véhicule
 les frais d’achat des casques et protections
 les frais de réparations et d’entretien
 les dépenses de pneumatiques
 la consommation de carburant
 les primes d’assurance

Ce barème ne comprend pas les frais de stationnement et de péages qui peuvent être déduits en supplément sous réserve de pouvoir présenter les justificatifs…

Attention : il faudra pouvoir justifier vos déplacements en cas de contrôle : emploi du temps, kilométrage du véhicule, trajet le plus court...

Si votre employeur vous rembourse tout ou partie de vos frais de déplacement, vous devez déduire cette somme du total obtenu !

Par exemple (selon le calculateur des impôts) :

  • je suis propriétaire d’une voiture de 5 CV fiscaux ;
  • mon travail se trouve à 40 km (aller-retour) de mon domicile ;
  • je travaille 4 jours par semaine, 36 semaines par an (soit 5 760 km) ;
    Je peux donc déclarer 3 451 euros de frais kilométriques (avec le barème en 2023).

Voir les informations précises sur le site des impôts

Les frais de repas

Il est possible de déclarer les repas dans les frais réels uniquement si les horaires de travail ou l’éloignement du domicile ne permettent pas de rentrer pour prendre ces repas chez soi.

Si le repas doit être pris sur le lieu de travail, deux situations possibles :

  • l’établissement d’exercice propose un mode de restauration collective : il est possible de déduire la part du repas payé qui dépasse 5,00 euros (montant en 2023).
  • si l’établissement d’exercice ne dispose pas d’un mode de restauration collective, il est possible de déduire (en fournissant les justificatifs) la part du repas qui dépasse 4,00 euros (montant en 2023).

Par exemple :

  • je travaille 4 jours par semaine, 36 semaines par an ;
  • je paye mon repas 5,60 euros ;
    Je peux donc déclarer 86,40 euros [=(5,60-5,00) x 4 x 36] de frais de repas.

Voir les informations précises sur le site des impôts

Les frais de logement

Si vous déménagez pour vous rapprocher de votre lieu de travail, vous pouvez déduire les frais de déménagement qui vous concernent vous-même (et pas ceux de toute la famille).

Si vous consacrez une partie de votre habitation à votre activité professionnelle, par exemple un bureau dans lequel vous travaillez et où vous stockez vos affaires de profs, vous pouvez déclarer tous les frais correspondants proportionnellement à la surface occupée et à l’usage professionnel qui en est fait. Cela concerne (liste non exhaustive) : loyer, intérêts du crédit (pour les propriétaires), chauffage, électricité, accès à internet..

Attention : si votre employeur met à votre disposition un bureau ou un ordinateur, vous ne pourrez pas déduire ces mêmes frais de vos impôts. Il arrive régulièrement que les impôts demandent une attestation de l’employeur qui indique si vous avez à disposition (ou pas) un bureau et un ordinateur sur votre lieu de travail.

Par exemple :

  • je suis locataire d’une maison de 100 m2 ;
  • mon employeur me fournit un document attestant que je ne dispose d’aucun espace de travail sur mon lieu de travail accessible le soir, le week-end ou pendant les vacances ;
  • je dispose d’un bureau de 10 m2 utilisé un tiers du temps pour le travail et deux tiers pour mon utilisation personnelle, je peux donc déduire 10/100 * 1/3 des frais liés, soit 1/30 ème de tous les frais ;
  • je paye 12000 euros de loyer par an pour ma maison, je peux donc déclarer 400 euros par an ;
  • je consomme 600 euros de chauffage par an, je peux donc déclarer 20 euros par an ;
  • je consomme 1200 euros d’électricité par an, je peux donc déclarer 40 euros par an ;
  • mon accès à internet me coûte 360 euros par an et je l’utilise un tiers du temps à usage professionnel, je peux donc déclarer 120 euros ;
  • je paye 1200 euros par an d’impôts locaux (taxe foncière, taxe d’habitation, taxes facultatives instituées par les collectivités locales), je peux donc déclarer 40 euros ;
  • je paye 360 euros d’assurance par an, je peux déclarer 12 euros ;
  • je paye 1200 euros de charges de copropriété par an, je peux déclarer 40 euros ;
    Je totalise 672 euros de frais réels

Il est aussi possible de prendre en compte les "dépenses d’entretien, de réparation et d’amélioration ainsi que les dépenses de grosses réparations" qui concernent cette pièce. Si vous êtes propriétaire, vous ne pouvez pas déclarer le montant du crédit, mais uniquement des intérêts de l’emprunt.

Le site des impôts donne une liste non exhaustive des documents qui peuvent être fournis pour justifier ces déductions :

  • d’une attestation de l’employeur certifiant que l’intéressé ne dispose pas d’un bureau sur son lieu de travail.
  • de l’acte d’acquisition ou de location de l’habitation principale qui fait apparaître la superficie des pièces.
  • du contrat et des échéanciers des emprunts contractés.
  • des quittances de loyer, de gaz, d’électricité, de téléphone, etc.
  • des factures de fournisseurs, d’installateurs, d’artisans ou d’entrepreneurs mentionnant l’identité et l’adresse du client, les dates de réalisation et de paiement des prestations et des travaux, le montant du prix acquitté et la périodicité des versements, etc.

Voir les informations précises sur le site des impôts

Autres dépenses

On peut lister encore de nombreuses autres dépenses éligibles aux frais réels. N’hésitez pas à prendre contact avec votre centre des impôts pour avoir confirmation. Vos dépenses doivent être directement liées à votre métier et ne concerner que vous !
Liste non exhaustive de quelques autres dépenses :

  • frais de préparation de concours : organisme de formation, déplacements, hébergement, achats de livres, frais d’inscription... (voir le site des impôts)
  • mobilier : bureau, chaise, étagères ;
  • ordinateur, imprimante ;
  • papier, stylos, crayons, classeurs, plastifieuse ;
  • cartouches d’encre ;
  • cotisations à des syndicats ou à des associations professionnelles ;
  • logiciels ;
  • livres ;
  • DVD ;
  • abonnements à des magazines ;
  • vêtements professionnels spécifiques : maillot de bain (natation), blouse, gants, lunettes de protection et les frais d’entretien (pressing) ;
  • visite de parc, zoo, musées pour préparer une visite scolaire.

Consultez le site des impôts et notamment cette page qui propose des informations précises officielles

Cas de la double résidence

Si vous êtes PACSé ou marié, vous avez déclaré une résidence commune lors de la signature du PACS. Si vous avez été contraint de prendre un deuxième logement très éloigné pour des besoins professionnels, vous pouvez également intégrer ces dépenses dans les frais réels. Cela ne concerne que les frais qui sont réellement en double. Par exemple, si vous avez deux résidences (Paris et Toulouse), la consommation d’eau est la même que vous soyez à Paris ou à Toulouse. Par contre, vous payez un deuxième abonnement pour l’eau que vous pouvez inclure dans vos frais réels.

Voici une liste non exhaustive des frais que vous pouvez déclarer :

  • billets de train/d’avion jusqu’à la résidence commune (conserver les billets et factures) ;
  • le montant des loyers ;
  • la taxe d’habitation ;
  • frais de déménagement ;
  • les frais d’agence ;
  • l’abonnement (et pas la consommation) de l’électricité ;
  • l’abonnement (et pas la consommation) du gaz ;
  • l’abonnement (et pas la consommation) d’eau ;
  • l’abonnement internet fixe.